Le rapport de Brodeck. Manu Larcenet Adaptation du roman de Philippe Claudel.

J'ai été très profondément marqué par la lecture de ce roman. Je l'avais lu un peu par hasard sans savoir qui était Philippe Claudel. Après avoir tourné la dernière page j'ai cherché à savoir qui il était... j'ai été abasourdi en découvrant qu'il s'agissait d'un jeune auteur... j'étais persuadé qu'il avait vécu "les horreurs de la guerre".

L'histoire en bref :

Le personnage principal, Brodeck, revient dans son village après avoir été déporté dans un camp. Un village de montagne, possiblement située près de la frontière allemande. Le narrateur, Brodeck, est chargé de rédiger un rapport sur la mort d'un étranger, der Anderer (« l’autre »), qui séjournait dans le village. Son exécution par tous les hommes du village, excepté Brodeck, est appelée l’Ereigniës. L’Anderer, par son comportement et ses desseins, est un miroir de ce qu’ils sont vraiment, au-delà des apparences et des statuts sociaux. Il leur renvoie leur lâcheté et leurs trahisons, leurs compromissions avec l'occupant de la guerre passée et cela, ils ne peuvent pas l'accepter.

Brodeck lui-même a, pendant la guerre, été déporté dans un camp de concentration en raison de son origine. Les gens du village l’ont eux-mêmes désigné pour « acheter leur tranquillité » avec l’occupant. Pour avoir voulu défendre trois jeunes filles que les notables du village voulaient livrer à l’occupant, Emélia, la femme de Brodeck est violentée une nuit et perd la raison.

C'est ce roman a priori inadaptable en BD que Larcenet a choisi d'adapter... Il est vrai que depuis la lecture de Blast on le savait capable d'a peu près tout. Son talent semble sans limite. Larcenet parviens à retranscrire l'ambiance très anxiogène du roman, il fait passer par le jeu du découpage, du cadrage les non-dits, les ressentiments, la culpabilité... Au delà de l'interet de l'histoire qui est déjà immense... on s'attachera a la beauté graphique formelle de cet oeuvre.