top of page
Vieux livre

Georges Alvarez publie, « Les eucalyptus bleus ».

  • Photo du rédacteur: le Choucas enragé
    le Choucas enragé
  • 24 mars 2023
  • 5 min de lecture

ree

« Le roman est un va-et-vient incessant entre mes deux langues, mes deux cultures, entre mes deux mondes. »

George Alvarez publie le premier tome de sa trilogie asturienne, « les eucalyptus bleus », un voyage dans le temps et l’espace. L’enfance d’un fils d’immigré dans les années 60, entre Annecy et un petit village des asturies espagnoles, Fresno.

Sylvain POUJOIS

Né à Annecy en 1953. George Alvarez est retraité de l’Éducation nationale depuis 4 ans. Après une scolarité à l’école des Fins, puis au Lycée Berthollet, il s’inscrit à la fac de Grenoble. Professeur, agrégé d’espagnol, il enseignera d’abord à Bourgoin-Jallieu avant de revenir dans la région et d’enseigner aux Lycées, Beauregard, Baudelaire et enfin Berthollet. Les Annéciens le connaissent pour avoir été le président de la biennale du cinéma espagnol. Il vient de publier, « Les eucalyptus bleus », son premier roman. « L’écriture de ce livre a surgi comme un besoin, un besoin de raconter avec les yeux et la sensibilité d’un enfant qui avait 6 ans au début des années 60, le monde dans lequel j’ai grandi. Celui d’un enfant d’émigrés politiques espagnols qui ont débarqué en Haute-Savoie. J’ai deux enfants et 4 petits-enfants. J’ai pensé que toute l’histoire de ma famille allait disparaitre avec moi. Un jour peut être mes petits-enfants se poseraient des questions sur ce passé. J’ai donc décidé d’écrire mes mémoires. J’ai mis une dizaine d’années à écrire ce récit. L’écriture a commencé comme un testament douloureux pour mes enfants, d’une écriture éreintante, le livre s’est transformé rapidement en un plaisir d’écrire et en hommage universel aux exilés, à la double culture ». La rédaction achevée, Georges Alvarez, confie la lecture de son livre à quelques amis, qui vont le convaincre de le proposer à un éditeur. L’histoire familiale de George Alvarez est commune à celle de nombreux immigrés espagnols annéciens. « En 1949, ma mère a fui l’Espagne franquiste avec son mari qui était recherché. Ma mère était inquiétée en raison des antécédents de sa famille. Son père était militant communiste et avait fait la révolution de 34, arrêté et condamné à mort il a été gracié par la suite. Ma mère a dû survivre avec sa mère et ses sœurs sans homme à la maison. Son père était emprisonné et son frère a été tué sur le front de l’Èbre. » Le couple survit un temps caché dans le Barrio Chino (quartier chinois) puis dans les bidonvilles du Montjuic à Barcelone, harcelé par la police de Franco, avant de passer les Pyrénées à pied. Ils arrivent à Toulouse véritable capitale de la République espagnole. « La police demandait aux familles d’immigrés de ne pas rester dans les départements proches de la frontière espagnole pour ne pas mécontenter l’état franquiste. Ils ont su qu’à Annecy, il y avait des Espagnols et du travail… ». Arrivés à Annecy, ils vivent dans des conditions inhumaines dans les squats du vieux château d’Annecy et dans le quartier de la Prairie qui a accueilli dans son bidonville surnommé « Chicago » de nombreux exilés espagnols. Son mari décède soudainement. Elle est alors seule avec un enfant à charge dans un pays étranger dont elle ne parle pas la langue. Le chemin de croix durera jusqu’en 1953. Remariée, elle s’installe avec sa famille dans le quartier des Fins. « Le livre est né du besoin de retrouver la mémoire enfouie de ses ancêtres espagnols, souvent combattants farouches pour plus de dignité et de justice. Mes parents nous ont beaucoup parlé de la guerre civile, bien qu’il n’y ait pas directement participé. Mon père avait douze ans quand la guerre a éclaté. Il a dû fuir l’Espagne en raison de son appartenance à la CNT, un syndicat de gauche. J’ai connu à Annecy une enfance heureuse malgré les préjugés et la xénophobie ambiante. Les fonctionnaires savoyards pures souches n’avaient pas beaucoup d’ouvertures d’esprit. Il se montrait méprisant avec les pauvres gens. J’ai vu ma mère plusieurs fois humiliée parcequelle ne parlait pas bien le français. C’était l’époque... On baissait le nez. Mon père disait « Vous ne dites rien ! On est immigré. On est toléré ici. Mon père était un gros, gros bosseur. Il était plâtrier. Il voulait à tout prix que l’on réussisse. Il ne fallait pas venir protester à la maison parce que le prof nous avait tiré l’oreille. Il fallait faire mieux que les Français. Et d’ailleurs il y avait une proximité avec l’instituteur qui voulait que nous réussissions. Mes parents ont su nous transmettre toute la culture espagnole et l’amour de la famille mais aussi l’amour de la France et de l’école. Et c’est grâce à ça que nous sommes devenus vraiment bi-culturels. À tel point qu’aujourd’hui je serai incapable de choisir entre l’Espagne et la France. Mes racines sont là-bas, mais je me sens vraiment français. J’écris en français bien que ma langue maternelle soit l’espagnole. » Ce qui a marqué l’enfance de Georges Alvarez et qui est central dans le livre, ce sont les vacances en Espagne. Chaque été, près de deux mois passés dans le petit village de sa mère à Fresno. Un village, théâtre de tant de drames durant la guerre civile. Le récit propose de multiples va-et-vient entre Annecy et Fresno. « Je me suis rendu compte que les vacances d’été que je passais en Espagne dans la ferme de mon grand-père, avec le travail de la campagne, m’avaient beaucoup marqué. » Le livre avance pas à pas, faisant apparaitre des personnages étonnants, comme Constantino, grand-père de l’auteur, condamné à mort par le régime de Franco, son oncle Antonio mort à la bataille de l’Èbre à 18 ans, son oncle Hilario défendant à la dynamite la Commune Révolutionnaire des Asturies de 1934 alors qu’il n’avait que 16 ans. « Les eucalyptus bleus » raconte la richesse intérieure de tous les personnages qui entouraient l’auteur durant ces étés en Espagne et le reste de l’année, la vie à Annecy au sein d’une communauté espagnole très soudée s’échinant sur les chantiers ou dans les usines côtoyant les survivants des Glières ou du bataillon Ebro. L’écriture est simple et poétique, laissant de larges places aux descriptions des paysages asturiens et savoyards. Le livre est, en fait, le premier tome d’une trilogie asturienne. Le deuxième tome dont la rédaction est achevée traite de l’histoire de l’exode des réfugiés espagnols en 1949 à pied à travers les Pyrénées après avoir survécu caché dans le Barrio Chino (quartier Chinois) puis dans les bidonvilles du Montjuic à Barcelone. Le troisième tome de cette trilogie qui est en préparation parlera du « Puerto Pajares » un col redoutable des Monts Cantabriques qui séparent les Asturies du plateau castillan, un lieu mythique de l’histoire d’Espagne, de la guerre civile, de la vie du grand-père de l’auteur et de son oncle Hilario, qui y a combattu.

Tome 1. Les eucalyptus bleus aux éditions L’Harmattan. 25 €

 
 
 

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
Featured Review
Revenez bientôt
Dès que de nouveaux posts seront publiés, vous les verrez ici.
Tag Cloud

© 2023 by The Book Lover. Proudly created with Wix.com

  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Google+ B&W
bottom of page