L’abus. Un témoignage choc.
- le Choucas enragé
- 22 août
- 3 min de lecture

Stéphanie Le Moal réside à Reignier-Esery. Elle y exerce la fonction de 1ere adjointe au maire en charge de la solidarité, de la santé et du social. Au printemps elle a publié, L’abus. Avec le temps va, tu t’en vas, récit poignant des violences sexuelles qu’elle a subies et de trente ans d’emprise.
Il aura fallu, un très long travail avec deux psychologues et entendre : " Vous avez subi un abus ", pour que, Stéphanie Le Moal réalise qu'elle n'était coupable de rien mais une victime. Son histoire est celle d'une adolescente de 14 ans qui tombe amoureuse de son professeur de latin. Une histoire banale qui tourne au tragique lorsque cet homme de 34 ans, marié et père de deux enfants étend son emprise, obtient des relations sexuelles. Une emprise qu'il poursuit durant les 30 ans qui suivront. Un récit glaçant.
Quel a été votre parcours scolaire et professionnel ?
L.M. : Je suis née dans les Yvelines, à Poissy, en 1975. Ma mère est décédée en novembre 1991, l'année de ma première, cela a complètement chamboulé ma vie. J'ai fait deux premières années de fac de psychologie. Deux années d'échecs, de pleurs et de solitude intense. Enfin, j'ai obtenu un DUT Gestion des Entreprises et des Administrations. J'intègre un grand groupe automobile et j'y reste 8 ans. J'ai ensuite déménagé en Haute-Savoie et effectué quatre années en ressources humaines à l'hôpital psychiatrique de la Roche sur Foron. J'ai ensuite créé une entreprise de livraison de repas à domicile, effectué une mission dans une société d'assurance. Avant de devenir élue de ma commune en 2020.
De quelle nature est l'abus que vous dénoncez dans votre livre ?
S.L.M. : Je dénonce une dizaine de mois de viols de la part de mon prof principal, prof de français-latin et 30 ans d'emprise de la part du couple. Le couple a décidé de garder contact avec moi pour savoir comment j'évoluais et maîtriser la situation. Ils savaient bien que tant que je continuais de les admirer, je ne dénoncerai rien. Je dénonce le fait que l'épouse de mon agresseur se soit protégée et qu'elle n'ait pas protégé l'adolescente que j'étais, alors qu'elle savait très bien que ce que son mari avait fait était un acte criminel condamnable.
Pourquoi avoir ressenti le besoin de rendre votre histoire publique ?
S.L.M. : Ce n'était pas l'idée de départ. Pour le dépôt de plainte, j'ai dû remettre les faits en ordre, parce que 30 ans, c'est long et il s'est passé beaucoup de choses. Dans le courant de la procédure, il y a eu cette confrontation qui m'a vraiment mis plus bas que terre. C'est à ce moment précis que j'ai vraiment compris toute la manipulation dont j'ai été victime. Je me suis dit qu'il fallait expliquer à d'autres victimes où se nichait la manipulation. C'est insidieux, une somme de plus ou moins petites choses, un contexte familial qui favorisent les abus. Dans mon rôle d'élue, j'ai rencontré beaucoup de victimes, plus ou moins avancées dans leur chemin. Beaucoup excusent encore l'agresseur et se sentent coupables. J'espère qu'elles pourront comprendre à travers mon récit, qu'elles n'y sont strictement pour rien et que c'est bien celui qui agressé qui porte la responsabilité.
Pensez-vous que notre société protège assez les mineurs ?
S.L.M. : Il y a beaucoup trop de victimes. Il faut que la société se réveille. Les mineurs ne sont pas assez informés. J'ai lu plusieurs commentaires disant : "Moi, j'ai 14 ans, j'ai déjà couché avec un homme de 25, mais on s'aime et je sais parfaitement ce que je fais. J'aimerais aller donner des conférences dans les lycées au moins pour détricoter les fausses croyances, et elles sont extrêmement nombreuses.
Quel impact à la publication de ce livre sur votre entourage ?
S.L.M. : J'ai été entourée de bienveillance, de tendres et doux messages de compassion. Quant à moi, aujourd'hui, je peux enfin dire que je vais bien, mais les cicatrices sont encore là. Le travail n'est pas complètement terminé, je pense que c'est le chemin d'une vie.
L'auteure sera en dédicace à la Fnac de Ville-la-Grand le samedi 20 septembre 2025 de 9 h-18 h.


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