L’Exploit de Germain Sommeiller. Laurent Fiorese.

Laurent Fiorese. La Savoie en bulles.

Le dessinateur savoyard Laurent Fiorese sort sa 13ᵉ bande dessinée. Après le succès de la série Expressions savoyardes en BD, il poursuit son exploration du patrimoine régional avec un album consacré à une grande aventure technique et humaine : la construction du tunnel du Mont-Cenis.

Laurent Fiorese est passionné de BD depuis l’enfance. Comme beaucoup de personnes de sa génération, il a lu alors qu’il était petit, les Tintin, Astérix, Gaston… « Très vite j’ai voulu raconter mes propres histoires », explique-t-il. Et d’ajouter « Plus que dessiner, c’est raconter des histoires qui me plaît.  Imaginer des situations drôles. Laisser libre cours à mon imagination ». Ce natif d’Annecy n’a pourtant pas fait carrière dans le 9e art, mais est devenu électricien, métier qu’il exerce encore aujourd’hui.

La BD en total autodidacte

En 2003, il publie sa première BD, premier tome des Expressions Savoyardes. « Je n’ai pas cherché à savoir comment faisaient les autres. J’ai foncé bille en tête ! Quitte à faire quelques erreurs ! ». Pour publier cette première BD, Laurent Fiorese gère toutes les étapes en total autodidacte. Il crée sa maison d’édition et gère tout de A à Z : réalisation, impression, diffusion et rencontres avec le public. C’est un succès. Le premier tome des Expressions savoyardes se vend à 30 000 exemplaires. La série comptera 5 volumes. Tous tomes confondus plus de 50 000 exemplaires se sont vendus. Pour faire la promotion de ces BD, l’auteur écume les fêtes de terroirs et autres kermesses. Au fil des rencontres et des échanges avec les Savoyards il se rend compte qu’il connaît mal le patrimoine savoyard. « C’est comme ça que je me suis pris de passion pour l’histoire de la Savoie ». Par la suite, il poursuit  son travail de mémoire régionale avec la série, C’était mieux avant.

Une passion pour l’histoire de la Savoie

Son intérêt pour l’histoire de la Savoie mène Laurent Fiorese jusqu’à Marguerite Frichelet, considérée comme la  Jeanne d’Arc savoyarde. Il se consacre durant deux ans à la réalisation de son histoire en BD. L’histoire à un fort potentiel romanesque puisque Marguerite Frichelet a mené une insurrection dans la vallée de Thônes en 1793 en réaction à l’annexion par l’armée française de la Savoie en 1792. La Jeanne d’Arc savoyarde sera jugée à Annecy et fusillée sur le Champ de Mars, le 18 mai 1793. Après la publication de cette BD consacrée à l’héroïne savoyarde, Laurent Fiorèse voulait continuer à raconter d'autres épisodes méconnus de notre région. C’est alors qu’il fait la rencontre de Patrick-Alain Bertoni directeur de publication du magazine Histoires de Savoie. Celui-ci lui suggère de s’intéresser à un Savoyard illustre natif de Saint-Jeoire-en-Faucigny, Germain Sommeiller.

L’épopée du tunnel du Mont Cenis

La création de l’album aura nécessité trois années de travail. Intitulé L’exploit de Germain Sommeiller, l’album rend donc hommage à l’ingénieur éponyme, figure majeure du XIXᵉ siècle, et à l’ambitieux projet de percement du premier tunnel ferroviaire sous les Alpes. Laurent Fiorese s’est plongé dans les archives pour restituer le contexte et les enjeux de ce projet hors normes. Long de 13 kilomètres et creusé à 1 300 mètres d’altitude sous le mont Fréjus, ce chantier titanesque débute en 1857 pour s’achever en 1871. À son inauguration, le tunnel du Mont Cenis ou tunnel du Fréjus était le plus long tunnel au monde. Il le resta jusqu'au 1er juin 1882, date de l'ouverture du tunnel ferroviaire du Gothard, long de 15 kilomètres. Cette réalisation marque un tournant historique dans l’histoire des transports, mais aussi dans celle de la Savoie, alors en pleine mutation géopolitique, entre le rattachement à la France et l’unification italienne. La bande dessinée se distingue par la richesse de sa documentation et rend hommage à la prouesse technologique qu’a nécessité le percement du tunnel.

L’Exploit de Germain Sommeiller. Laurent Fiorese. 20 €.