Les fusillés du Genevois. Frédéric Pellet
- le Choucas enragé
- 9 mai
- 3 min de lecture

Je retranscris ici une interview que j'ai réalisé pour le journal Haut Savoyard, Le Faucigny.
Dans un essai qui vient de paraître, Frédéric Pellet examine les événements entourant le procès et l’exécution de 18 miliciens à Annemasse, le 7 septembre 1944, dans le cadre de l’épuration qui suivit la Libération. Un évènement historique quasiment inconnu du grand public.
Frédéric Pellet est à la retraite depuis trois ans. Il a fait une carrière d'universitaire dans le domaine des sciences plus précisément en géomécanique. Cet ingénieur en génie civil se passionne également pour l’histoire en particulier l'histoire de la Savoie. Il publie : « Les fusillés du Genevois. 1944. Contexte – Causes – Conséquences. Un essai consacré à un procès de l’épuration survenu, trois semaines après la libération d’Annemasse.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur cet épisode précis de l’histoire d’Annemasse ?
F. P. : C'est un peu un hasard. Il y a cinq ans, mes parents sont décédés. On a vidé leur maison et je suis tombé sur un livre qui parlait du procès du Grand-Bornand survenu le 24 aout 1944 et de l’exécution de 76 miliciens. Dans ce livre, il y a un petit paragraphe qui mentionne l’existence d’une autre cour martiale à Annemasse. Je suis né et j’ai grandi à Annemasse et je n’en avais jamais entendu parler. Je n’en avais jamais entendu parler. Je me suis lancé dans des recherches. J’ai trouvé quelques occurrences… assez peu. J’ai trouvé aussi dans la presse locale de l'époque, essentiellement dans le journal de Genève qui faisait un petit compte-rendu de cette journée. J’ai fait des recherches aux Archives départementales de la Haute-Savoie. J'ai trouvé le compte rendu de neuf interrogatoires précédant le procès. Cela m’a amené à lire à peu près tout ce qui a été écrit sur cette période-là de l'histoire en Haute-Savoie. Les livres de Michel Germain, Claude Barbier, Robert Amoudruz… Cette histoire m'a un peu ému. J’ai constaté à la lecture des interrogatoires que beaucoup d'entre eux n'avaient pas grand-chose à se reprocher. Ils n'avaient pas été impliqués personnellement, dans la délation de personnes ou dans des actions armées. Une histoire oubliée, peu de gens s'en souviennent. J'ai quand même retrouvé, sur le marché d'Anemasse, une vieille dame qui a bientôt 95 ans et qui se souvenait d'avoir vu passer ces gens sur un camion en descendant au cimetière, le lieu de l’exécution.
Pensez-vous qu’on puisse faire une histoire "objective" d’événements aussi sensibles que l’épuration ?
C'est très difficile. Même aujourd'hui, c'est encore un peu trop tôt pour en parler. Parce que les acteurs des événements sont pratiquement tous disparus. Mais il y a leurs enfants qui ont été très marqués par ces évènements. Je me suis efforcé d’expliquer le contexte. Je me suis rendu compte que la période de mi 1943 à la libération a donné lieu à une véritable guerre civile à bas bruit.
Vous dédicacez votre livre à toutes les victimes de tous les Régimes totalitaires. N’établissez vous pas une forme d’équivalence entre les victimes de Vichy et celles de l’épuration ?
Ceux que je vise, ce sont les communistes. Qui ont changé de camps durant la guerre et se sont déchainés pour prendre le pouvoir. L’épuration aveugle, sauvage est un fait politique. Ce sont les FTP, les communistes, qui ont mené la danse, entre guillemets, avec comme objectif de prendre le pouvoir.
De la même manière, vous contestez le statut de héros de Missak Manouchian disant qu’il n’a eu qu’un seul fait d’armes et qu’il a « donné » les membres de son groupe.
Je m’appuie sur les écrits de Stéphane Courtois qui a écrit avec d’autres universitaires, « Le livre noir du communisme ». Dans un article du Figaro il écrit : « La mort de Missak Manouchian suscite l'admiration, mais son héroïsation a été construite par le PCF ». Dans un autre article, il explique que Manouchian, a livré de nombreuses informations aux inspecteurs de la brigade spéciale de la préfecture de police. Je suis conscient que certains passages de mon livre peuvent susciter des réactions, j’en parle à la fin du livre.


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